Qu’achète-t-on dans une vente aux enchères de bandes dessinées ?

Voici les types d’objet proposés dans une vente de bande dessinées :

  • des albums en édition originale (c’est-à-dire la première édition d’un album, les éditions suivantes étant des rééditions),
  • des rééditions anciennes d’albums ,
  • des « originaux », c’est à dire les dessins préparatoires qui sont des jalons du processus de réalisation. On distingue 3 types d’originaux qui peuvent arriver un jour sur le marché :
    étape 1 : les « crayonnés » qui sont les croquis à la mine de plomb sur papier ou sur calque,
    étape 2 : les dessins à l’encre de Chine,
    étape 3 : les « bleus de coloriage » : la première impression en bleu clair sur laquelle dessinateur vient de mettre ses couleurs.
  • des objets 3D : de la statuette en plastique jusqu’à sculpture issue d’une fonte à la cire perdue.
Une planche rare de Roba, extraite de l’album « jeux de Bill » , estimée entre 25 000 et 30 000€, a été vendue 40 483€,

Nous nous proposons d’étudier les résultats d’une vente aux enchères du 17 mars 2013 qui a eu lieu à la La Banque Dessinée, maison de vente dédiée à la BD à Bruxelles.

NB : Cet article est ancien mais nous le conservons car il contient un descriptif des différents objets vendus en relation avec la BD. Il présente l’intérêt d’étudier les prix obtenus et ce qui peut les justifier.

I Collectionner les albums de bandes dessinées

1) Importance de la distinction entre une première édition (dite édition originale) et une réédition
– Première édition :
Blake et Mortimer, Le Secret de l’Espadon 1, édition de 1950. Très très bon état. 1000€
– Réédition ancienne :
Blake et Mortimer : Le Secret de l’Espadon 1, édition de 1955. Très très bon état. 500 €

2) Importance de l’état de conservation qui se décline ainsi :
Etat neuf, proche de l’état neuf, très très bon état, très bon état, bon état.

Tintin au pays des soviets faisant partie de l’édition originale de 1930 (en noir et blanc) :
– une en TBE : 10 000 € (estimation 7000/8000 €)
– une en BE : 4000 € ( estimation 5000/6000 €)

3) Une subtilité historique
Trois Tintin au Congo vendus, noir et blanc à cette époque, TTBE tous les 3, montant des adjudications :
– édition originale de 1931 : 5000 €
-réédition de 1937 : 1800 €
-réédition de 1942 : 2800 € – Plus chère ? oui, car édition pendant la guerre et a été publiée malgré la difficulté de cette période donc plus rare.

4) La Belgique est le pays de la BD mais le pays d’origine du dessinateur fait la différence :
-Astérix le Gaulois, édition originale cartonnée française de 1961.
Très très bon état. 1600 €
– Astérix le Gaulois, édition originale belge brochée de 1961.
Très très bon état. 600 €

5) La rareté est un critère, bien sûr plus on avance dans le temps, plus elle est relative :
Blueberry, Le Cavalier perdu :
– Tome 1 édition originale cartonnée française de 1968. Etat neuf. 2600 €
– Tome 2, édition originale de 1964. Etat neuf. 1400 €
– Tome 3, édition originale de 1966. Proche de l’état neuf. 180 €
– Tome 4, édition originale de 1967. Etat neuf. 120 €

II Collectionner les originaux de BD : l’ensemble des dessins préparatoires

1) Les crayonnés (croquis à la mine de plomb sur papier ou sur calque)

Préalable :
Les « mines de plomb » sont courantes dans les ventes.
Qu’appelle-t-on une « mine de plomb » ?
Il s’agit en fait d’un dessin à la mine de graphite.
Jusque dans les années 1850, la mine de plomb était vraiment un stylet de plomb ou d’alliage à base de plomb et d’étain, avec lequel on dessinait sur parchemin ou papier depuis l’antiquité. Actuellement, les outils de dessin vendus sous l’appellation « mine de plomb » sont uniquement des mines de graphite.
Aves la mine de plomb moderne (bâtonnet de graphite de 5 à 7 mm d’épaisseur), on obtient une intensité et une épaisseur du trait plus précises qu’avec un crayon de graphite (crayon à papier). L’intensité est modulée par la pression de la main du dessinateur sur la mine.

Exemples de prix de crayonnés :
Franquin
Spirou et Fantasio , ensemble de 2 calques à la mine de plomb pour l’étude des planches n°27, 28 et 29 de l’épisode « Z comme Zorglub » publié aux Editions Dupuis en 1961.
Dimensions : 36 x 19 (pliure au milieu) et 36 x 24 (pliure au milieu et manque de calque en bas à droite). 1600 €

Albert Uderzo et René Goscinny
Astérix, mine de plomb pour la planche 34b de l’épisode « La Grande traversée » par publié aux Editions Dargaud en 1974. « ils sont fous ces Gaulois ». Dimensions : 40 x 25.

Mars 2013 : C’est la première fois qu’une planche crayonnée d’Astérix est proposée en vente publique, pièce ultra-rarissime puisque tous les crayonnés de la série sont conservés chez l’auteur. Provenance de la famille Dargaud. Vendue 32000 €

2) Encre de Chine et mine de plomb sur calque

Définition : Le calque représente l’ultime étape avant la mise à l’encre définitive. Il permet de choisir le trait le plus adapté afin de garantir l’expressivité maximale. Les amateurs considèrent cette étape comme étant la plus intéressante graphiquement car le trait est plus vif.

Exemple : Jacobs
Blake et Mortimer, planche préparatoire n°21 à l’encre de Chine et à la mine de plomb sur calque de l’épisode « Le Piège diabolique », publié aux Editions du Lombard en 1962.
Dimensions : 39 cm x 45 cm. 22 000 €

3) Encre de Chine sur papier

Exemple : Peyo
Johan et Pirlouit, illustration à l’encre de Chine sur papier dessin pour la couverture de la réédition l’épisode « Le Lutin du bois aux roches » publié aux Editions Dupuis en 1967. Signée. Dimensions : 33 x 47. On y joint la mise en couleur réalisée sur calque. 65 000 €

4) Bleu de coloriage

Définition : L’imprimeur fournissait au dessinateur une reproduction (sorte de photocopie) sur carton de sa planche mise en format album. Les traits de contour étaient bleu clair ou gris pâle. On les appelle donc « carton » ou « bleu de coloriage ». Le dessinateur posait ses couleurs sur cette épreuve puis elle partait à l’impression. Depuis la PAO, cette étape n’existe plus.

Exemple : Hergé
Tintin et Milou, bleu de coloriage à l’aquarelle et à la gouache blanche sur une épreuve imprimée pour la page n°54 de l’album « L’Ile noire » publié aux Editions Casterman en 1943. Dimensions : 20 x 29. 5400 €

III Les objets en 3D
Les objets présentés sont précédés de la marque du fabricant.

LEBLON-DELIENNE : Hergé, Tintin, saute au-dessus du tronc d’arbre (61), Le Secret de la Licorne, 1995, 30 cm. 800 €

AROUTCHEFF : Franquin, Spirou & Spip sur la Renault 4CV (D150), 1ère version de fabrication française,+/- 350 exemplaires (999 prévus mais non réalisés), 2000, 30 cm.
900 €

AROUTCHEFF : Hergé, Tintin, la grande fusée (H05.07), Objectif lune, 1ère version bois, 1988, 114 cm. 2600 €

Une sculpture de NEUJEAN
Hergé, Tintin et Milou, exemplaire de la maquette de 72 cm, bronze et bain d’or, coulé selon la technique dite « à la cire perdue », épreuve unique, offert par le sculpteur Nat Neujean en 1975 à son fondeur De Andreis à Milan.
Avec le certificat d’authenticité et une lettre d’attestation du fondeur. 34 000 €

IV Conseil pour l’estimation de vos bandes dessinées

Pour connaitre le prix de vos albums de Boule et Bill avant de foncer chez un commissaire-priseur, consultez l’argus de la BD qui fait autorité sur le marché :

« Trésors de la Bande Dessinée BDM catalogue encyclopédique »
Michel Bera, Michel Denni & Philippe Mellot BDM 2011-2012, Ed. l’amateur,
15 cm x 22 cm, broché avec 1184 pages

Cette formidable documentation recense la bande dessinée de 1829 à nos jours. Elle s’adresse autant à l’amateur éclairé qu’au libraire, à l’historien qu’au collectionneur.
Avec plus de 100 000 albums, cette dernière édition comporte environ 6000 nouveaux albums supplémentaires et une section spéciale de plus de 50 pages permettant de mieux identifier et dater les albums Tintin.

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