Acheter une peinture ancienne, le sujet et l’état de conservation
Le critère essentiel : l’œuvre acquise vous « parle » et vous accompagne au quotidien mais d’autres critères sont en prendre compte dans l’hypothèse d’une revente future.
Le marché de la peinture ancienne commence aux primitifs italiens (XIVe siècle) et s’arrête après la période romantique vers 1850.
Un tableau vous plait ? Si c’est un coup de cœur, achetez-le. Cependant, si vous pensez un jour le revendre en faisant une plus-value ou au moins en ne perdant pas d’argent, vous devez choisir un sujet qui ne se démode pas, peint sur un support qui va se maintenir dans le temps.
1ère partie : les sujets toujours recherchés en peinture ancienne
- La nature morte surtout la nature morte de fleurs : flamande ou hollandaise, car le sujet est gracieux et les couleurs toujours éclatantes.
- La peinture de genre dite aussi « scène de genre « : elle décrit un ou des personnages dans une activité anecdotique ou issue de la vie courante. Les tableaux de Brueghel en sont un exemple parfait. Les scènes de genre hollandaises ou flamandes sont très recherchées surtout les scènes villageoises enneigées.
Pour ces sujets chez les peintres des écoles du Nord : les formats sont petits, les tableaux sont peints le plus souvent sur bois ou sur cuivre (pas sur toile). - Les scènes mythologiques : rechercher un traitement le plus sensuel possible.
- Les portraits : dans l’ordre de préférence des amateurs : les enfants, les portraits féminins, les personnages connus. Pour les deux premiers genres, il faut rechercher la grâce et l’effet décoratif.
- Les scènes historiques : plutôt épiques et spectaculaires.
- Les scènes de chasse : elles ont le vent en poupe surtout si l’approche est très naturaliste (grande proximité avec la réalité), les couleurs brillantes, les matières rendues avec soin.
- Le paysage : privilégier le paysage de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle. Le genre s’éloigne alors du paysage classique composé en atelier par assemblage de motifs parfois stéréotypés. C’est l’époque où le peintre dessine en plein-air (mais recompose en atelier) et transmet plus de sensibilité à sa représentation.
Quelque soit le sujet, il faut veiller à ce qu’il y ait peu de faiblesses dans la réalisation, c’est à dire dans la qualité du dessin (rendu des formes) et dans la composition (agencement des motifs).
Une nature morte de fleurs de
Ambrosius BOSSCHAERT le vieux
(Anvers 1573 – La Haye 1621) Bouquet de fleurs dans un vase de bronze posé sur un entablement près d’un coquillage
Peinture sur cuivre – 34,2 x 23,4 cm
Monogrammé et daté 1621 (?) en bas à droite
Vendu 1,7 millions € (frais compris)
par la maison de vente Gros & Delettrez en 2013
2ème partie : L’état de conservation du tableau
L’état de conservation d’un tableau doit être un de vos critères majeurs. Il rentre en ligne de compte dans votre négociation avec le vendeur du tableau.
Un tableau dans son état d’origine (dans son jus) est préférable . Mais vous pouvez rencontrer d’autres cas de figure.
Le tableau a été nettoyé.
Ce n’est pas un inconvénient si le nettoyage a été bien fait.
Par contre, un nettoyage mal fait use la matière. Le restaurateur aura finalement détruit le tableau. Il a enlevé le vernis et a attaqué le glacis du tableau.
Le glacis est une couche de peinture riche en liant et pauvre en pigment. Cette couche est déposée pour finir le tableau et pour donner à certaines zones un effet de transparence et ainsi de profondeur.
Le tableau a été restauré.
Il y a un niveau de repeint acceptable. Par exemple, un repeint sur le fond est tolérable mais refaire un œil n’est pas acceptable.
Il peut y avoir eu plusieurs campagne de restauration, certaines acceptables d’autres moins.
Les repeints et les restaurations s’observent en projetant sur le tableau les rayons d’une lampe à ultraviolets dite lampe de Wood (facile à acquérir).
On vous annonce qu’un rentoilage a été fait.
Ce n’est pas un défaut. C’est même une obligation tous les 100 ou 130 ans car si la toile est détendue des soulèvements de matière sont possibles. C’est donc une mesure conservatoire.
Méthode : on pose de la colle derrière la toile et on fait adhérer à chaud avec un fer la toile peinte et la toile de renfort.
Le rentoilage est visible : regarder les bords.
On vous annonce qu’une transposition a été faite.
C’est une opération très délicate et beaucoup plus rare. C’est aussi une mesure conservatoire. La peinture se désolidarisait du support alors on l’a décollée de la toile et refixée sur une autre toile.
Vous avez affaire à un marouflage : une œuvre sur papier est collée sur une toile.
Ce n’est pas un défaut. Deux hypothèses : l’artiste est un peintre voyageur qui n’avait pas la possibilité d’emporter des toiles. Il peut s’agir aussi d’une mesure conservatoire.
Le marouflage est visible à la loupe.
Vous observez un réseau de craquelures important.
Ce n’est pas un défaut car il s’agit de la façon dont vieillit la couche picturale.
Il est possible que les craquelures aient été rebouchées. Les rayons d’une lampe à ultraviolets dite lampe de Wood permettent de le détecter.
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