Qu’est ce qu’un « faux » en art ?

Quelle est la différence entre une copie, une imitation, une contrefaçon et un faux ?
Les Disciples d’Emmaus, « Faux » Vermeer peint par Han Van Meegeren en 1936 (voir ci-dessous).

Si un expert s’exclame « C’est un faux ! », Demandez-lui ce qu’il entend par là car il y a plusieurs manières pour un objet d’art « d’être un faux ».

Les Disciples d’Emmaus - faux tableau de Vermeer peint par Han Van Meegeren en 1936
Les Disciples d’Emmaus – « Faux » tableau de Vermeer, selon la définition ci-dessous,
peint par Han Van Meegeren en 1936

Van Meegeren a « inventé », entre autres, des Vermeer qui ont été proposés sur le marché de l’art et achetés par des collectionneurs et des musées.
Brillant faussaire, il a trompé des experts réputés spécialistes de ce peintre.
(Johannes Vermeer (1632-1675) est un peintre hollandais.)

La base :
Qu’est-ce qu’est un original ? (définition formelle) : c’est une œuvre première émanant de l’auteur.

Voyons les différentes manières pour un objet de ne pas être un original.

Copie : reproduction fidèle, exécutée sans intention frauduleuse.
Mais si elle sort du domaine privé, pour être commercialisée par exemple, elle doit être exécutée dans des dimensions différentes de celles de l’original.

Imitation : copie, comportant éventuellement une part d’interprétation d’une œuvre ou d’un style.

Faux : œuvre exécutée dans le style d’un artiste, portant ou non une signature, présentée de manière à tromper sur l’identité de l’auteur.

Contrefaçon : reproduction d’une œuvre sans l’autorisation de l’auteur, dans l’intention de tromper.

(Définitions données par le musée du Louvre lors de l’exposition : « Copies, répliques, pastiches  » en 1974.)

Les pratiques qui posent problème sont donc le faux et la contrefaçon car elles sont totalement illégales.

La différence entre faux et contrefaçon est la suivante :
– Dans le cas du faux, on « invente » en créant une oeuvre dans le style de l’artiste.
– Dans le cas de la contrefaçon, on reproduit une œuvre existante.
Toutefois, dans le langage courant, on regroupe ces 2 pratiques sous le terme de « faux ».

Si vous collectionnez les œuvres d’un artiste, vous devez suffisamment bien le connaitre pour ne pas vous encombrer d’une copie ou d’une contrefaçon.

Quelques informations concrètes pour aller plus loin :

Les faux sont plus difficiles à détecter s’ils sont contemporains de l’artiste. Ils résistent à l’analyse scientifique car les supports (toile, papier, bois, cuivre…) et les pigments sont ceux utilisés à l’époque.

Des artistes comme Bouguereau ou Corot signaient de leur nom les toiles de leurs amis moins doués, pour les aider à vendre. Mais cette pratique ne résiste pas à l’œil de l’expert ou à la confrontation avec le catalogue raisonné.

Œil de l’expert
Pour un expert, la première impression, la plus instinctive, est souvent la bonne. Avant de parler « analyse scientifique », il examine le style, « la main » de l’artiste.
Quand il connaît bien la manière d’un artiste, l’expert se fonde souvent sur cette intuition première et cherche à la confirmer.

Catalogue raisonné
Les faux sont plus courants sur les œuvres d’artistes de moyenne gamme sans catalogue raisonné.
Mais il y a peu de chance que les œuvres d’un artiste peu coté fasse l’objet de faux ou de contrefaçons. Les faussaires ne vont se mettre au travail que si le jeu en vaut la chandelle.

Pour le collectionneur, une règle de base : ne pas acheter sur photo sauf si on connaît très bien l’artiste ou si le vendeur a pignon sur rue. Un marchand connu inspire confiance et engage juridiquement sa responsabilité sur l’authenticité de l’objet.

Et n’oubliez pas ce conseil avisé : « N’achetez jamais un original dont la copie est au Louvre. » Nicolas Landau, « Aphorismes ».