Une estampe japonaise d’Utamaro (EJ-31) expertisée
Objet documenté par un contributeur spécialiste.
Dimension de l’estampe : 40 cm x 27 cm
Etat de conservation : une tache dans la partie supérieure visible au niveau du visage de la courtisane de gauche, deux petits trous dans le motif de l’ombrelle des jeunes femmes (voir photographies ci-dessous).
Demande concernant cette estampe japonaise :
La propriétaire voudrait avoir confirmation du nom de l’artiste. Elle voudrait savoir s’il s’agit d’une estampe originale ou d’une réédition, et si c’est le cas, de quelle époque. Elle voudrait connaitre le nom de l’éditeur. Pouvez-vous la documenter ?
Vous pouvez apporter un complément d’informations ou poser une question soit en commentaire, soit en écrivant à contact@prodezarts.com.
Dans un e-mail, rappelez, s’il vous plait, le N° de référence de l’objet : EJ-31
Objet documenté et estimé par un contributeur spécialiste.
Caractéristique de l’estampe
Artiste : Utamaro.
Nom de famille : Kitagawa
Date d’activité : vers 1750 – 1806
Signature sur l’estampe : Utamaro Hitsu (signifiant : du pinceau d’Utamaro)
Titre de l’estampe : aucun n’est présent sur l’estampe.
Les titres que nous avons rencontrés sur des catalogues de marchand ont été donnés soit par eux-mêmes, soit par la littérature.
Il s’agit une réédition, c’est-à-dire une estampe imprimée avec des bois regravés. Elle a été réalisée d’après une estampe originale de l’artiste éditée en 1798 qui a servi de modèle à la gravure des bois. Voir un tirage de 1798 ci-dessous.
Cette réédition est moderne, imprimée au XXème siècle.
Notre propriétaire désire avoir des informations sur l’éditeur.
L’éditeur de l’estampe originale est Tsuru-ya Kinsuke (ne pas confondre avec Tsuru-ya Kiemon, autre éditeur dont le sceau est aussi composé d’une figure d’oiseau).
Tsuru-ya Kinsuke a aussi publié Eisen, Eizan, Hokusai, 3 artistes parmi les dessinateurs les plus célèbres de l’âge d’or de l’estampe.
Précisons qu’Utamaro a été découvert, « lancé » et majoritairement édité par un autre éditeur qui est Tsuta-ya Juzaburo.
Le sceau le plus courant de Tsuru-ya Kinsuke est composé d’une figure d’oiseau dans un cercle sous une figure d’angle. Mais un même éditeur peut avoir un petit registre de sceaux ayant en commun un motif récurrent.
L’éditeur actuel est la maison UNSODO situé à Kyoto et encore en activité. Nous l’avons identifié grâce au filigrane situé au coin inférieur gauche. Beaucoup d’estampes publiées par Unsodo ont le caractère « UN » en filigrane dans le coin inférieur gauche du papier si le format vertical, dans le coin supérieur gauche si l’estampe est au format horizontal. Ce caractère est le premier caractère du nom Unsodo.
Notre propriétaire a émis des doutes sur la qualité du papier de son estampe.
Le papier utilisé pour cette réédition est un washi, terme générique qui désigne en japonais le papier végétal. Ce papier est fabriqué de façon artisanale avec fibres d’arbustes du mûrier à papier, le kizuki. Il est traditionnellement utilisé pour l’impression des estampes japonaises depuis le XVIIème siècle car il est blanc et opaque. Il est produit exclusivement dans les papeteries de la préfecture d’Echizen.
Les vergeures et les pontuseaux (marques horizontales et verticales laissées par le moule dans la pâte à papier) sont très visibles sur les photographies.
Dater la période d’impression de cette estampe
L’identité de l’éditeur et la nature du papier plutôt épais indiquerait que cette réédition a été faite vraisemblablement dans le dernier quart du XXème siècle.
Les différences entre une réédition et une estampe originale
Nous présentons ici une version originale de cette estampe (ci-dessus). Cette version a été éditée en 1798. Il y a des différences de couleurs et de motifs entre les 2 estampes. Il est très fréquent qu’il y ait un certain nombre de différences, entre un original et ses rééditions, le plus souvent dans la restitution des couleurs et de motifs mineurs.
L’estampe originale peut avoir fait l’objet de plusieurs rééditions du vivant de l’artiste. Tant qu’elle avait du succès l’éditeur en publiait des exemplaires par rééditions successives. Il ne se privait pas d’introduire des variantes sans consulter l’artiste qui perdait le plus souvent tout droit de regard sur son dessin original une fois qu’il l’avait remis entre les mains de l’éditeur.
Il est probable que les différences remarquables entre les deux estampes ne viennent pas d’une interprétation du dernier éditeur mais du modèle utilisé par celui-ci pour regraver les bois. Ce modèle pourrait être, non pas l’estampe originale que nous présentons ici, mais une variante de cet original publié du vivant d’Utamaro.
Les éditeurs modernes prennent moins de liberté que les éditeurs de la grande époque de l’estampe. Ceux-ci traitaient les estampes comme des produits de consommation courante.
Ce qui renforce cette théorie qu’une variante originale ancienne est le modèle : le sceau de l’éditeur d’origine est tronqué ce que n’aurait jamais fait un éditeur moderne. L’éditeur de l’estampe ancienne aurait pu être peu attentif à la reproduction parfaite de celui-ci. L’éditeur moderne a donc pu reproduire fidèlement ce défaut.
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Rencontre avec d’autres estampes japonaises :
Kunisada / Toyokuni III Estampe expertisée | Utamaro – Estampe Japonaise expertisée | Sommaire des estampes japonaises |
Voir : Prodezarts, comment ça marche ?